En septembre 2024, le mistral casse le vitrail nord de l’abside de l’église paroissiale de Cairanne. Les armatures en bois pourries par le temps sont à l’origine de cet accident.
Un examen des autres vitraux montre un état similaire des armatures. Les vitraux sont des bandes de verre non coloré ou légèrement coloré. Le verre est semi opaque et texturisé
avec plus ou moins de bulles. Un choix minimaliste qui montre une évidente économie de moyens.
Notre maire Roger Rossin décide de remplacer les quatre vitraux concernés et demande aux associations Cairanne et son vieux village et Paroissiale de lui faire une proposition
de nouveaux vitraux. Quand ont-ils été installés ? L’histoire de cette église est étrangement méconnue ; pas d’archives, pas de documentation. On connait seulement sa date de
construction 1851 avec des subventions Napoléon III. Elle remplace une église trop petite. Les vitraux de 1851 ont disparu, sauf sans doute la rosace, seuls des supports en fer
subsistent. On peut penser que les vitraux actuels datent de l’entre-deux-guerres.
L’aventure peut commencer ! Il y a urgence, une réparation de fortune est faite.
Il faut choisir un vitrailliste de préférence dans le Vaucluse ; le choix est très limité. Le premier choix se porte sur Fabrice Bouisson dont l’atelier est à Bonnieux.
Un contact est pris et une visite d’atelier est faite le 14 octobre 2024. En général la réalisation d’un vitrail comporte deux étapes principales : un artiste qui propose un
dessin et un vitrailliste qui transpose le dessin en puzzles de verre colorés. Au cours de cette visite, le conseil d’administration de l’association Cairanne et son vieux village
se rend compte que Fabrice a le sens de la création artistique et une expertise de vitrailliste ce qui va grandement faciliter l’aventure.
Plusieurs visites sur le site sont organisées. Ce projet met en interaction des idées, des personnes, des sensibilités différentes, des expériences esthétiques et spirituelles.
Faut- il une peinture figurative ou non ? Quel dessin ?
Un premier indice : l’église possède une rosace, supposée d’origine, à dessin géométriques colorés. Il faut imaginer donc un ensemble cohérent dans un lieu de culte plutôt austère,
bien restauré par la municipalité et bien ornementé par des tableaux restaurés des XVIIe et XVIIIe siècles. L’église n’est pas classée monument historique ce qui permet une
certaine liberté dans l’aventure.
Il faut donc reprendre l’atmosphère créée par cette rosace c’est à dire des couleurs vives, surtout au soleil couchant. Il est décidé que les deux vitraux latéraux seront non
figuratifs et que les deux vitraux du chœur seront figuratifs, l’un représentant saint André le patron de l’église et l’autre saint Geniès le saint patron du village. Leurs attributs
symboliques sont pour le premier une croix en X et pour le second un parchemin.
Seule concession au classicisme des vitraux anciens : une dominante bleue sera proposée pour le côté nord et une dominante rouge et jaune pour le côté sud.
Finalement, après plusieurs esquisses proposées par Fabrice, il est retenu par les Associations celle présentée le 6 janvier 2025. Ce projet avec son devis sont officiellement
soumis au Conseil municipal de Cairanne le 18 mars 2025 qui donne son accord pour lancer le projet .
À la demande de Roger Rossin la ferronnerie sera faite par S. Ossard, ferronnier de Cairanne.
La pose des deux vitraux non figuratifs a lieu le 25 juin 2025. L’espace intérieur de l’église est radicalement transformé par les couleurs vives suscitant de belles émotions au
visiteur comme au croyant ce qui est de bon augure pour les futurs vitraux figuratifs plus délicats et plus longs à réaliser car ils sont partiellement peints en
grisaille qui nécessite des cuissons à 600°.
Ceux-ci sont installés le 15 octobre 2025. C’est un magnifique ensemble de lumière que nous pouvons maintenant contempler où l’unité et la cohérence artistique sont bien établies.
Grâce au talent de Fabrice Bouisson des personnages symboliques nous parlent désormais du haut de leurs fenêtres et pour longtemps.
Epilogue : Accueillir la lumière
Ainsi le patrimoine de Cairanne peut-il se prévaloir d’avoir deux formes de vitraux :
- Avec les vitraux renouvelés de l’église paroissiale de Cairanne, la technique des anciens a été utilisée, pour accueillir et transmettre la lumière :
des verres colorés traditionnels sertis au plomb. Ils s’insèrent dans des fenêtres créées par l’architecte en laissant le vitrailliste libre de sa création.
- Dans les années d’entre-deux-guerres l’apparition de la dalle de verre et l’utilisation du béton armé permettent de nouveaux effets lumineux. Les imperfections du verre (voulues)
accentuent ces effets lumineux. La collaboration du vitrailliste avec l’architecte devient obligatoire afin de proposer des créations d’ensemble qui libèrent la lumière de
toute entrave. Les vitraux deviennent murs de lumière créant un nouvel espace de recueillement. Il faut une étroite collaboration entre le vitrailliste, l’architecte et les
différents corps de métier.
La technique de la dalle de verre a permis au vitrailliste l’abbé Roy, en étroite collaboration avec l’architecte Jean Mognetti d’Avignon, d’imaginer et
de réaliser les murs de lumiére de la chapelle ND de la vigne et du Rosaire . Figures géométriques et figuratives créent un espace nouveau rempli de lumières multicolores.
Il reste une dernière étape : réaliser des vitraux pour les deux petites fenêtres latérales de l’entrée.
Gérard Coussot
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 source : GC
La rosace de la porte d'entrée

source : GC
S.Ossard et F. Buisson dans l'atelier
 Ce projet a reçu une aide financière
de la Communauté de communes Vaison-Ventoux.
 La grisaille est une peinture sur verre d'aspect
mât à base d'oxyde métallique utilisée pour dessiner un trait opaque en complément des verres colorés sertis au plomb.
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source : GC
Vitrail transept nord
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source : GC
Vitrail transept sud
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source : GC
Vitrail saint André
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source : GC
Vitrail saint Geniès
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  Voir chronique d’avril 2019,
Vitraux de la chapelle Notre Dame de la Vigne et du Rosaire,
Cairanne, Vaucluse / Chef d’œuvre d’Art Sacré du XXe siècle de l’abbé Roy, Un village en Provence, Cairanne, volume 1, page 203.
   
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