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La chronique du mois d'avril 2019

Vitraux de la chapelle Notre Dame de la Vigne et du Rosaire
Cairanne, Vaucluse
Chef d’œuvre d’Art Sacré du XXe siècle de l’abbé Roy

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Mur de lumières
En pénétrant l’après-midi dans la Chapelle ND de la Vigne et du Rosaire de Cairanne, le regard du visiteur est surpris par des jeux de couleurs qu’il ne pouvait soupçonner de l’extérieur. Les vitraux de l’abside forment un étonnant mur de lumières du sol au plafond et dessinent la crucifixion du Christ, surmontée de la Vierge à l’enfant.
Cette chapelle est formée d’une simple nef rectangulaire, terminée à l’ouest par une abside formant le mur de lumières. Cette orientation à l’ouest est contraire à la tradition établie. Contraintes du sol ou recherche d’une théâtralisation au soleil couchant ? On l’ignore.
Ce mur de lumières est situé dans l’abside là où se déroule le culte, des bandeaux de lumières sont découpés tout le long des murs latéraux de la chapelle. Ceux-ci ont une ascendance chromatique allant du bleu de la nuit vers la clarté du jour et rejoignent le mur de lumières à dominante rouge. Le béton et les pierres blanches de l’Ouvèze reflètent cette lumière qui donne à l’ensemble intérieur une clarté inattendue.

L'architecte et l'artiste
L’Architecte est Jean Mognetti d’Avignon et l’artiste créateur de ces vitraux est l’abbé Marcel Roy (1914-1987) dont l’atelier est également situé à Avignon. Sa technique est des plus originales : il conçoit des vitraux de verres colorés noyés dans du béton qui forment des panneaux-vitraux normalisés, fabriqués dans son atelier et assemblés sur le chantier pour former ce mur de lumière figuratif.

Origine de la Chapelle
Cette chapelle est construite suite à un vœu de la population pour remercier la Sainte Vierge d’avoir épargné Cairanne des désastres de la guerre. Elle correspond aussi à la nécessité de rapprocher un site spirituel de la population avec un accès plus facile. En effet, le vieux village est déserté par la population qui s’implante au pied de la colline. Elle est entièrement financée par les familles de vignerons qui offriront le terrain et qui participeront à sa construction. C’est le curé doyen Chevalier et Germain Aubert qui retiendront l’architecte avignonnais Jean Mognetti et l’abbé Roy. Sa construction durera trois ans et la chapelle sera inaugurée le dimanche 15 octobre 1961 en présence de l’archevêque d’Avignon et du maire de Cairanne Raoul Grosset.

Inauguration de la Chapelle (17 octobre 1961)
Le Provençal du 17 octobre 1961 rapporte ainsi l’inauguration : « Resplendissante dans sa robe de pierres blanches de l’Ouvèze et de Vaison, altière et finement ciselée, la nouvelle chapelle de Cairanne recevait dimanche après-midi, sous un éclatant soleil, les plus hautes autorités religieuses de Vaucluse…..Originalité dans la forme, conçue par l’architecte avignonnais Mognetti et beauté de la décoration et plus spécialement des remarquables vitraux de l’abbé Roy, président de la Commission d’Art Sacré en Avignon…… Le pontife bénissait ensuite la cloche offerte par M. le conte de Béarn de Rochegude…. »

Abbé Marcel Roy (1914-1987)
Sa vie
Le catalogue de l’exposition « L’art religieux au XXe siècle en Avignon » donne quelques éléments de la vie et l’œuvre de l’abbé Marcel Roy. Il est né le 5 avril 1914 à Avignon. Il entre à l’école des Beaux-Arts de cette ville et fréquente l’atelier de Claude Firmin . Il poursuit ses études à l’Académie de Bruxelles, puis exerce le métier de peintre décorateur. Il milite à la JOC . Sous l’occupation allemande, il s’engage dans l’équipe des cahiers de Témoignage Chrétien, mouvement clandestin de résistance de 1941 à 1944. Il entre au grand séminaire d’Avignon et est ordonné prêtre en 1943. Il est nommé vicaire à Cavaillon puis à Saint Pierre à Avignon. En 1951 il est nommé aumônier du Pensionnat des Frères des Ecoles Chrétiennes. En 1957, il est mis à la disposition du petit séminaire. Il est délégué à la culture en 1982.
Il décède le 15 juin 1987.

Son oeuvre
Disciple d’Albert Gleizes . , l’abbé Roy s’engage dans la recherche d’un art sacré moderne sous de nombreuses formes :
  • Peintures murales au petit séminaire d’Avignon, chapelle du couvent de l’Immaculée Conception, Notre Dame de Lumière, maison des prêtres de Béthanie.
  • Vitraux des églises du Sacré-Cœur et de Saint-Joseph à Avignon, Notre-Dame de la vigne et du Rosaire à Cairanne, chapelles de la clinique Masquin et du Mont Serein, du séminaire Saint-Roch à Montpellier.
  • Tableaux très souvent mystiques. Il participa à de nombreuses expositions, dont le Salon International d’Art sacré à Paris en 1983, à la Chapelle du Grand Couvent à Cavaillon en 1977, au salon de Noël de Bollène en 1986 .
Prêtre et artiste, l’abbé Roy confiait à une revue en 1987 : « Quand je peins, je crée quelque chose de nouveau, mais il n’y en a qu’un qui est créateur, c’est Dieu… alors en créant, je conjugue le Verbe et mon action devient divine ».

Symbolique du vitrail de l’abside de la chapelle
Ce mur de lumière représente une double iconographie, dédiée à la Vierge et au Christ qui symbolise les deux grands mystères de la Foi chrétienne que sont l’Incarnation et la Résurrection.
Il s’agit d’une représentation traditionnelle de la crucifixion du Christ selon les codes en relation avec les textes bibliques, représentation limitée cependant par la technologie utilisée. La couronne d’épines est bien présente. La mort est déjà advenue, le Christ porte au côté gauche la blessure infligée par la lance du centurion. Les textes affirment alors, que les ténèbres se sont étendues sur la terre en plein jour et pourraient être représentés par ses longues volutes bleues sombres dans un ciel rougeoyant mettant en évidence le corps lumineux du Christ. D’autres y ont vu des pampres de vigne qui s’élevaient jusqu’aux plaies du crucifié.
La croix semble se prolonger vers le haut, les couleurs bleues blanches sont identiques et représentent la Vierge Marie et le Christ enfant, de style byzantin, renvoyant à la naissance du Christ.

La technique du vitrail en dalle de verre
Un brevet en 1933
Il s’agit d’une technique relativement récente apparue dans les années 30, liée aux évolutions des techniques de construction : l’utilisation du ciment armé. Un premier brevet est déposé en 1933 qui décrit les principes de base : « Vitrail en ciment armé, caractérisé par le fait que des éléments découpés de verre épais coloriés sont enchâssés dans un réseau en ciment armé. Cette technique nouvelle permet de réaliser de véritables vitraux cloisonnés pouvant figurer dans leurs détails des scènes dessinées et coloriées. » :
Il est curieux que l’inventeur n’ait pas vu un avantage important pour la fabrication de ces vitraux : la possibilité de fabriquer des éléments préfabriqués en atelier et leur mise en place sur le chantier par un simple levage conduisant à un coût de mise en oeuvre réduit.
Après 1945
La reconstruction et les tendances artistiques de l’après-guerre relancent cette technique notamment sous l’impulsion du père dominicain Couturier avec de grands artistes qui s’essayent à l’art du vitrail : le peintre Henri Matisse qui crée les vitraux de la chapelle du Rosaire à Vence (1950), les peintres Fernand Léger et de Jean Bazaine dans l'église du Sacré-Cœur d'Audincourt (1950), Manessier avec son mur de lumières à la Chapelle de Hem (1956), Georges Braque et Raoul Ubac à Varengeville en 1960.
L’abbé Roy d’Avignon s’inscrit dans cette tradition en utilisant des panneaux-vitraux normalisés selon des méthodes industrielles mais qui n’excluent pas le travail de l’artiste. Dans le cas de l’abbé Roy, il reste figuratif alors que l’abstraction se retrouve souvent dans la composition des murs de lumière. L’architecte Le Corbusier ne pouvait pas ignorer cette technique qui s’adapte à ses idées : béton et lumière. Cependant il s’attache plus à l’idée de sources ou puits de lumière colorés ou pas que de vitrail par exemple dans la Chapelle Notre Dame du Haut, Ronchamp, France, 1955 .
Gérard Coussot

Summary :This painting represents the Virgin Mary, Saint Dominic and Saint Catherine of Siena. Virgin Mary hands a rosary to Saint Dominic. The gesture symbolizes the link between God and the believer. It is characteristic of the XVII century period that corresponds to the struggle between Catholics and Protestants who reject the worship of Virgin Mary. This painting is not signed but there are several other paintings in the area with very close similarity.

Source : Association
Le mur de lumières

Familles Berthet-Rayne et Daniel.
PDG de la société Tiro-Class de Valréas.


Source : J. Pacini
L'abbé Roy


Archives Dép. de Vaucluse, CAT 296.
Claude Firmin (1864-1944), peintre considéré comme un maitre provençal de la peinture. Ancien directeur de l’Ecole des Beaux-Arts d’Avignon.
JOC : Jeunesse Ouvrière Chrétienne.


Source : Anne Laberinto-Gridine
La chapelle vue de l'extérieur

Albert Gleizes, 1881-1953, dessinateur, graveur, peintre et un des fondateurs du courant cubisme.
Nous remercions Blandine Augier, responsable des Archives de la commune de Bollène de nous avoir transmis des documents

Source : Association
Hem dans le département du Nord

Aussi appelés gourmands ou rameaux de vigne : motif ornemental.
Brevet d’invention N° 756.065 de Auguste Labouret.

Source : Internet
Vence dans les Alpes-Maritimes

Source : Internet
Audincourt dans le Doubs

Frère Marie-Alain Couturier, (1897-1954) dominicain, artiste, il renouvellera l’Art Sacré en France après la Seconde Guerre mondiale. Il incitera de nombreux artistes, même non croyants, à travailler pour ce renouvellement. « Il vaut mieux s’adresser à les hommes de génie, même athées, qu’à des croyants sans talent »
Source : Internet
Ronchamp en Haute-Saône
Mise à jour : le 1 avril 2019
webmaster : Gérard Jacques Coussot