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La chronique du mois de décembre 2017

Nouvè dóu tresen milenàri
Noël du troisième millénaire


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En aquesto niue dóu 24 decembre, la gleiso enluminado dóu Vièi Cairano s'afico à celebra la neissenço dóu Criste.
De veituro, adeja, arribon pèr lis dos anciano porto: la porto d'Autan e la porto Nosto-Damo. De gènt abitant à mié-camin dóu Pontet e dóu vièi vilage monton d'à ped, mai res sounjo à passa pèr la plaço Flobecq qu'aucun lume esclairo e semblo abandounado.
Pamens, aquesto plaço dóu Vièi Cairano tout à n'un cop pren vido: de lus faloto appareisson darriero de fenestro e d' oumbro lougiero e inmatieralo s'esquifon foro dis oustau que se retroubon coume i'a cinquant'an à reire.
La vièio Anjon vestido de sa raubo negro de véuso e de sa couifo de picuro blanco sort de sa carriereto. Batisto lou cantounié e sa femo que soun tignoun es de longo retengu pèr uno elastico darrié sis auriho, sorton à travès soun pourtau deglesi. Madamo Dorgal e Sadou soun coumpagnoun an remounta un estançi pèr se retrouba sus la plaço. Bosco (Emile Danjaume) lou menuisié que sort jamai la niue s'es laissa entrina pèr sa Boscoto que pèr un cop cerco pas chamaio à Enrieto Chanu. Lou pichot Louis arribo à pas menut apiela pèr abitudo sus sa cano blanco emé lou vièi Jousè de l'Espitau. L'uis dóu bel oustau bourgès di Dono D'Albert cracino pas à sa sourtido alors que Madamiselo Flavio, l'anciano istitutrico de l'escolo libro passant soun soustet li segui en troutejant.
De la porto dóu Sergent arribon Emile Fournier lou pintre emé lou pichot Rabasson soun vesin. Auguste Dublé « lou pélot » auso pas veni em'éli...
Tóuti, se recampon souto la tourre dóu casso-rimbaud contro lou jouine Abbat Pèire Chevalier e s'encaminon ansin en proucessioun,vers la gleiso. Fan soun entrado au moumen que se canto lou « Minuit Chrétiens » mai coume soun invesible rès li vèi quouro se sarron de la Crecho, que se clinon davans l'Enfant Jèsu que li benesis e pièi que s'entournon dins sis oustau.
Lamo de l'abbat Chivalié, elo quito pas la gleiso qu'avié servi amirablamen vounge an de tèms.
Es pas necite de creire ço que s'es passa aquesto niue de Nouvè dóu tresen milenàri,mai iéu en travessant la plaço dóu Vièi Cairano lis ai recouneigu li gènt de moun enfanço e m'an souri avans de redeveni oumbro dintre lis oumbro.

Traduction
En cette nuit du 24 décembre, l'église illuminée du Vieux Cairanne, se prépare à célébrer, à minuit, la naissance du Christ.
Des voitures arrivent déjà par les deux anciennes portes d'accès : la porte d'Autan et la porte Notre- Dame. Des gens habitant à mi-chemin du Pontet et du vieux village montent à pieds. Curieusement personne ne songe à passer par la Place Flobecq, qu'aucune lumière n'éclaire et semble abandonnée.
Pourtant, cette Place du Vieux Cairanne tout à coup s'anime: des lueurs falotes apparaissent derrière certaines fenêtres et des ombres légères et immatérielles se glissent hors des maisons qui ont repris leur aspect d'il y a un demi -siècle.
La vieille Anjon, vêtue de sa robe de noire de veuve et de sa coiffe de piqué blanc sort de sa ruelle. Baptiste le cantonnier et sa femme, dont le chignon et un élastique passé derrière les oreilles maintiennent en équilibre les lunettes, se glissent à travers leur portail disjoint. Madame Dorgal et Sadou son compagnon ont remonté un étage pour se retrouver sur la place. Emile Danjaume le menuisier, dit « Bosco, » qui ne sort jamais le soir s'est laissé entrainer par Rosa, sa Boscotte qui, pour une fois ne cherche pas dispute à Henriette Chanu. Le petit Louis arrive à pas menus, appuyé par habitude sur sa canne blanche, avec le vieux Joseph de l'Hôpital. L'huis de la maison bourgeoise des dames d'Albert ne grince pas à leur sortie alors que Mademoiselle Flavie l'ancienne institutrice de l'école libre sortant de son soustet trottine à leur suite. De la porte du Sergent arrivent Emile Fournier le peintre avec le petit Rabasson son voisin. Auguste Dublé, le « pélot » n'ose pas les suivre...
Tous, ainsi réunis, se groupent sous la tour du beffroi autour du jeune Abbé Chevalier et s'avancent en procession vers l'église.
Ils entrent au moment où s'élève le Minuit Chrétiens.
Sans déranger personne car ils sont invisibles, ils s'approchent de la crèche, s'inclinent devant l'Enfant Jésus qui les bénit puis s'en retournent vers la Place et leurs maisons.
L'âme de l'abbé Chevalier ne quitte pas l'église qu'il a servi admirablement durant onze années...
Nul n'est obligé de croire ce qui s'est passé cette nuit de Noël du troisième millenaire, mais moi, en traversant la place du Vieux Cairanne je les ai reconnus ces gens de mon enfance et ils m'ont souri avant de redevenir ombres parmi les ombres.

Anne Laberinto-Gridine

Summary : The author recalls her youth in Cairanne's old village. She mentions some of its inhabitants now deceased. She fancies that they all go to attend the Christmas midnight mass in the old church : Shadows among the Shadows.



Passage couvert. Il en existe encore un aujourd'hui à coté de l'ancien hôpital
Expression populaire pour Gitan.

Mise à jour : le 9 décembre 2017
webmaster : Gérard Jacques Coussot